Zelaska est une créatrice perfectionniste, magicienne de ses dix doigts quand il s'agit de son travail. Zelaska est une peintre rare dont l'oeuvre nous fait pénétrer dans une troisième dimension.
Nous cherchons toute notre vie à traverser le miroir pour découvrir un autre ciel et un jour on découvre cet autre univers. Il était juste au deuxième étage de mon immeuble, rue de Lancry ; un beau tableau que je nomme « Les Anges » et que Zelaska a baptisé « Le Ciel et l'Enfer ». Chaque fois que Zelaska m'invitait dans son atelier à boire le thé chaud de l'amitié, j'étais heureuse de ce privilège que Zelaska m'offrait et j'étais « aux anges ».
Dans ma vie trois êtres m'ont fasciné par leur talent :
- le premier est mon père, menuisier ébéniste, qui était très fort en marqueteries
- le deuxième est Jacques Cousteau, l'explorateur du monde sous-marin
- et le troisième est Zelaska Kasia dont certaines couleurs semblent venues du fond des mers et du haut des cieux.
Chez elle, les soins dont elle entoure son oeuvre n'ont d'égal que ceux qui entourent sa chaleureuse amitié.
Janvier 2005.
(texte revu par Jean-Pierre Collet)
Il s'agit d'une peinture de la Joie. Une joie intérieure, tonique, qui lui appartient. Une peinture qui éclate !
Nous étions amies depuis longtemps ; nos rencontres avaient lieu tous les week-ends dans un café entre nos deux maisons. Nos discussions infinies étaient aussi intenses que diverses de nature. Rien ne nous faisait peur - la peinture, la philosophie la plus subtile une recette de cuisine, le dernier livre lu, des souvenirs bizarres, les problèmes de nos enfants ... Et des rires. Les sujets changeaient de manière imprévue et nous en éprouvions le plaisir de l'adolescent qui aime d'autant plus faire tout ce qu'on lui interdit. Sauter d'un sujet à l'autre nous grisait. Je pensais à tout ça lorsque son oeuvre m'envahissait pour la première fois. Car elle ne s'est jamais pressée de me montrer son travail et je gardais la discrétion qu'elle exigeait.
Rien d'adolescent pourtant dans cette peinture, car elle possède au plus haut degré une grande maîtrise de son métier.
Ces grandes surfaces colorées - la couleur est franche sans jamais agresser l'oeil - ignorent la bienséance, l'effet des modes passagères, le paravent des choses apprises, la violence facile ou le faire joli, surtout pas la facilité de l'effet décoratif et prennent effrontément ces rythmes courageux, ces déploiements vigoureux, ces interventions surprenantes - de décalcomanies, de petits ronds répétitifs, de géométries variées, de brusquement ces petites scènes figuratives qui n'ont jamais rien de gratuit.
Voici une toile qui se brise en deux, une autre, inspirée par une japonaiserie qui se développe sur le motif d'une vague toujours renouvelée, une qui devient toute mince et prend toute la largeur d'un mur. Une autre se fait toute petite comme pour mieux contenir la mosaïque serrée qui l'habite. En voilà une qui prend la forme d'un grand rond et se place au centre d'un plafond ancien. Toutes ces variations au contraire, mettent en valeur, soutiennent l'ensemble. Le rond, le carré, l'ondoyant, sont présents à tout moment. Tout surgit d'une grande culture plastique, une érudition même. Car Zelaska est un peintre qui lit beaucoup, un peintre qui réfléchit. Rien n'est du au hasard. De là vient sa profondeur.
Ainsi chaque toile est un évènement. J'ai rarement rencontré un peintre qui réussisse autant à associer la joie, le jeu, avec la parfaite maîtrise, la rigueur, à concilier le Rationnel et l'Intuitif.
Et ce n'est pas tout, il faut dire que c'est une peinture qu'on aimerait avoir chez soi, et pendant longtemps, qui vit avec l'espace, qui ne fatigue pas.
Sanda Nitesco
Écrivain, artiste peintre
Le 15 juin 2004